La rentrée approche et je sens mon coeur battre un peu plus fort dans ma poitrine. Mes mains sont moites et mon sommeil est dérangé par l’angoisse sourde qui monte au creux de ma poitrine. Non je n’ai pas 6 ans, et ce n’est pas ma rentrée. C’est la tienne, ou la tienne, ou encore la tienne…. Tant de changements nous attendent, j’ai l’impression d’être comme un plongeur qui prend sa dernière inspiration avant de se lancer, tête la première. Nous avons déjà dit au-revoir à notre nounou, elle nous manquera. Bien sûr, sa porte est ouverte mais ce ne sera plus pareil. Elle a veillé sur nous comme une bonne fée (parfois grincheuse) depuis de si nombreuses années…On a tous une page à tourner, et c’est demain !
Toi, mon Calme de lune, qui du haut de tes 8 ans ( et d’mi) désire déjà lâcher ma main et te lancer tout seul le jour le rentrée. Tu me l’as dit sans détour, comme ça, hier soir, pendant notre temps de « discussion ». Tu voudrais y aller tout seul…Mais suis-je prête à te laisser t’envoler si vite? Comment vas-tu faire, noyé dans la cour au milieu de centaines d’élèves? Certes, c’est une cour que tu connais par coeur, tu sais qui sera ton instituteur cette année et tu sais les modalités de ce jour de rentrée…Alors pourquoi n’ai-je pas envie de te laisser seul? Parce que j’ai peur, peur de passer pour la maman qui s’en fiche alors que ce n’est pas le cas, peur que tu sois crane mais que finalement tu regrettes sitôt j’aurai tourner les talons, peur que tu te sentes seul…. Je pense q
u’on fera comme tu voudras, demain matin. Que je resterai là, à te regarder retrouver tes amis, serrer leurs mains comme des grands et te tourner vers l’avenir. Comme je suis fière du jeune homme en devenir que tu es, des milliers de progrès que tu as réalisé, de tout ce que tu accomplis déjà. Je te regarde, et je revois le bébé que tu as été. Je me souviens ta toute première rentrée, en cours d’année, pour tes deux ans et demi. Je me souviens ton regard émerveillé lorsque nous avons visiter l’école. Ta soif d’apprendre à lire avant même de rentrer au primaire. Tes prédispositions en math, que tu ne tiens pas de moi.
Tu vas recommencer tes entraînements intensifs de rugby, les tournois desquels tu rentreras épuisé mais heureux, des médailles autour du cou et des souvenirs plein la tête. Tu participeras à deux millions d’anniversaires et soirées pyjamas, tu prépareras des contrôles et tu tenteras de négocier pour rester à la télé avec nous certains soirs. On va reprendre une routine. Tu es un petit écolier modèle, et je sais que tu es content de retrouver les bancs de l’école. Moi j’aime pas la fin des vacances… Mais bon, on a pas le choix, hein?

Toi,, mon Avalanche…Mon bébé qui lâche ma main pour ton baptême du feu… Le jour de ta naissance, tu avais le poing en l’air, tu annonçais la couleur si je puis dire… Tu n’es plus un bébé, ça y est. Après le lit de grand, l’arrêt des tétées, le début de sevrage du portage et l’abandon de tes couches, te voilà prêt à rentrer à l’école. J’ai cherché partout, il n’y a plus de bébé à la maison. Comment ai-je pu ne pas m’en rendre compte avant? Tu as grandi sans me le dire, sans me prévenir…C’est drôle. Je ne suis pas nostalgique, juste un peu étonnée de te voir déjà petit garçon. J’ai peur que tu n’aimes pas l’école ou que le rythme soit trop difficile pour toi. Dans quinze jours, tu devras aussi manger à la cantine…Armé de ton cartable hérisson, épaulé par ton Doudou-lapin, je sais que tu vas te plaire là-bas, en plus il y a un toboggan. Et un bac à sable…
Une fois encore, c’est moi qui doit apprendre à ne pas avoir peur, à ne plus savoir ce que tu as fait de ta journée, à te laisser ton jardin secret. J’ai confiance en toi, tu ne seras peut-être pas aussi sage que ton frère mais tu seras toi. Tu as déjà prévu d’avoir des copains et de manger un gâteau avec eux, mais pas de prêter tes jouets. D’ailleurs, tu ne les emmèneras pas, tu l’as dit. Tu aurais voulu aller à l’école en bus. Pas de chance, nous ne sommes qu’à 300 mètres, tu devras te contenter d’y aller à pied. Tant pis.
Ton petit sac est prêt. Il y a ton gobelet, marqué à ton nom, et une tenue de change « au cas où ». Tu as aussi voulu y mettre une trousse, pour copier tes aînés, ainsi qu’un cahier. Demain il nous faudra remplir tous les formulaires, et tu n’auras pas envie, alors j’attendrais que tu sois au lit. Je suis comme ça, je m’inquiète facilement, mais après tout, tu es un petit bout d’homme très étonnant…J’ai confiance, il faut que je m’en rappelle…
Et toi, mon Rayond’soleil… Tu es une grande, tu dois apprendre à voler. Nouvelle école, nouveaux amis. Là encore, je vais devoir lâcher du lest et fermer les yeux. Je sais que tu vas t’éclat
er, tu es faite pour la vie en société. Nous avons dit au revoir aux gens du CAMSP, nous regretterons certains, mais pas tous. J’ai une pensée pour notre chère A., qui fait sa rentrée sans toi aujourd’hui. J’ai un pincement au coeur, je me sentais si bien pour échanger avec elle. Ta maîtresse aussi nous manquera, comme nous avait manqué celle de l’année d’avant. J’espère que tu attireras de nouvelles
belles personnes. C’est l’inconnu et, plutôt que d’en avoir peur, j’ai décidé qu’on allait vivre ça comme une nouvelle aventure! Comme quelque-chose de fondamentalement excitant. L’humain n’aime pas le changement, toi, tu trouves toujours du positif aux choses. Tu es déjà prête, tu réclames l’école depuis quelques jours déjà.Ttu connais les nouveaux copains, tu aurais un petit faible pour l’un d’entre eux, coeur d’artichaut! Tu as hâte d’y être, mais pas hâte comme pour que cela soit fait. Une hâte candide et enthousiaste, à ton image. Tu vas apprendre à voler, j’en suis convaincue, il te faut juste un peu de temps, et je suis prête à te le donner….
Ma rentrée à moi, c’est samedi. Après un été passé à la maison. Avant les vacances, il y a eu quelques soucis de santé. Un mal pour un bien, j’ai réappris à vivre doucement. Pourvu que cela dure, pour vous trois et pour tous ces changements à l’horizon!
Bonne rentrée à vous tous… Vous les parents, les enfants, les terrorisés, les angoissés, les confiants, les sûrs de vous, les pressés, les tranquilles, ceux qui n’iront pas à l’école, et aussi ceux qui rentreront à l’hôpital car il y en a. Je pense à vous et vous souhaite de tomber sur de belles personnes et de vivre de belles aventures…